Les bibliothèques en Allemagne et les questions de genre

Légothèque a pu participer grâce à l’ABF au congrès des bibliothécaires d’Allemagne qui s’est déroulé du 30 mai au 2 juin 2017 à Francfort. Une bonne occasion de voir ce que nos collègues outre-Rhin faisaient sur les thématiques de genre.
Nous avons participé à la session « Groupe de travail sur le Genre : diversité ».
Il s’agit en fait d’un groupe qui existe grâce à la responsable de la Genderbibliothek de Berlin, qui l’anime et essaie de le faire vivre, en dehors des associations professionnelles.
De fait, ils ont réussi à créer un réseau important de centres de recherche et un réseau d’archives.
Ces deux réseaux concernent donc essentiellement les bibliothèques spécialisées, en Allemagne, mais aussi en Autriche et en Suisse.
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Drapeau de l’Allemagne

OpenGender Repository

Le premier réseau bénéficie d’un projet de recherche, le OpenGender Repository, lancé en 2015, qui devrait aboutir dans les prochains mois, comme son nom l’indique, à un répertoire de dépôt de documents (monographies, périodiques, travaux universitaires) en open access sur le thème du genre. Ce projet de recherche compte 9 personnes en tout (3 docteur-e-s, 3 appuis à la recherche et 3 étudiant-e-s)  mais ce sont surtout 3 personnes qui travaillent dessus. Ils sont encore en phase de tests, et ont parlé des difficultés techniques (ils utilisent l’outil libre DSpace) et de catalogage (pas de thésaurus car ils n’ont pas les ressources pour, travail à partir de mots-matière de la Genderbibliothek (16 000 mots-matières) et avec la consultation d’experts sur des sujets en particulier (exemple, comment qualifier la mutilation génitale féminine ?). Sans entrer trop en avant sur les difficultés techniques, on peut quand même noter la complexité d’avoir des mots générateurs de bruit (Inter*, trans*) et le fait que c’est un domaine qui demande d’anticiper les nouveaux termes à venir.
Madeleine Seidig et Andreas Heinrich sont les personnes qui ont présenté ce projet.

Digitales Deutsches Frauenarchiv

Les archives allemandes numériques bénéficient d’un métacatalogue qui fonctionne sous VuFind et qui rassemble les différents catalogues de bibliothèques/archives/centres de documentation. C’est un travail important car les formats et les pratiques sont différentes. C’est donc un travail de référencement et d’indexation qu’ils font, aux fonctionnalités assez simple. Ils en sont à 6 000 visites mensuelles, ce qui est très peu. Ils travaillent donc surtout en ce moment à s’assurer un bon référencement par Google.

Karin Aleksander, responsable de la Genderbibliothek : questions de catalogage

Karin Aleksander a parlé des questions de catalogages, à la foi sur la féminisation (Bibliothekar = bibliothécaire homme, pour féminiser (homme / femme) on peut écrire BibliothekarIn ou Bibliothekar*In) mais aussi sur les mots matières. Le mot genre par exemple est présenté comme genre(médecine). Pour l’anecdote, à la BnF nous ne faisons pas mieux car on a genre(biologie).
Le gros enjeu pour elle désormais est de s’assurer que RDA (nouvelle norme de catalogage en plein essor) prenne en compte le genre de façon appropriée.

Légothèque

Nous avons pu présenter les activités de la commission et celles-ci ont suscité de nombreuses questions. L’auditoire s’est montré enthousiaste et a regretté qu’il n’y ait pas de Legothek. Karin Aleksander mène une réflexion sur une façon de convaincre les associations professionnelles de l’intérêt d’une telle commission, vu qu’il y a déjà une commission Diversité.
En conclusion, les bibliothèques spécialisées, centres de recherche et archives germanophones ont réussi à s’organiser en réseaux efficaces de collaboration et de coopération. Les bibliothèques de lecture publique gagneraient cependant à développer un réflexion commune sur les questions de genre et LGBT, ne serait-ce qu’avoir davantage de prétextes à en parler (conférences, journées d’étude, réseaux sociaux).

Une réflexion sur “Les bibliothèques en Allemagne et les questions de genre

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