La librairie – café Violette and Co

Dans ce billet, nous vous invitons à passer la porte de la librairie-café Violette and Co.

Elle est située au 52 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris, et est ouverte de mardi au samedi de 10h30 à 19h30.

Olivia Sanchez, une des deux libraires avec Loïse Tachon, va nous parler de son métier de libraire, et de l’actualité de la librairie.

Olivia : je m’occupe un peu de tout côté librairie, car on est une petite équipe. C’est une librairie féministe, lesbienne, donc on a à coeur de mettre en avant des livres écrits par des autrices et qui traitent de sujets féministes. On a aussi des livres écrits par des personnes LGBT sur des questions de racisme, de validisme, d’éco-féminisme, des questions sociales. Le rayon bandes dessinées continue à s’étoffer, c’est un bon vecteur pour des récits de vie. On a aussi développé un espace dédié à la littérature Jeunesse, qui fourmille de maisons d’édition, d’auteurs et d’autrices très intéressantes.

La librairie a été fondée en 2024 par Catherine Florian et Christine Lemoine. En 2021, elles voulaient prendre leur retraite et ont cherché qui pourrait reprendre la librairie. Nous avons présenté un projet, lancé une campagne de financement pour nous aider à collecter de l’argent pour acheter le fonds de commerce et lancer la librairie à la réouverture. Nous avions les compétences, les contacts, et une très forte envie de faire aboutir notre projet. Maintenant on est trois coopératrices et on fonctionne en SCOP (Société Coopérative et Participative).

La particularité est cet espace café avec nos deux baristas. Pour nous c’était important d’ajouter un lieu de vie à la librairie. Ca nous fait plaisir car ça fonctionne bien.

On a aussi un espace associatif au sous-sol, mais tout le monde peut s’y installer, y travailler. On met donc aussi à disposition gratuitement ce lieu pour des personnes, des collectifs, des associations qui l’utilisent pour des ateliers d’écriture, des ateliers autour de la BD, des fanzines, des clubs de lecture, des arpentages et des projections.

Notre programmation comprend aussi des rencontres et des actions hors les murs. Les rencontres pour le moment ont lieu dans cet espace où se trouvent le café et la librairie, afin d’être accessibles aux PMR. Le sous-sol n’est pas encore accessible, mais des travaux sont en cours.

Un des points d’orgue de notre programmation, ce sont les rencontres, il y en a une à trois par semaine. Ca peut être autour de sorties de livres, avec des échanges avec l’auteur ou l’autrice. On garde un temps pour les questions et les dédicaces. Mais on met aussi l’accent sur des rencontres qui abordent des textes de fonds présents dans notre librairie et qui sont importants pour nous : sujets lesbiens, questions de société.

Nous sommes également présentes dans des évènements hors les murs, on nous invite pour participer à des discussions, faire des sélections, présenter les livres des auteurs et autrices invitées.

-Avez-vous des contacts avec les bibliothèques de lecture publique à Paris?

On a des échanges avec la bibliothèque Parmentier, on essaie de tisser des liens pour faire des choses ensemble, c’est en cours.

Il nous arrive aussi d’être sollicitées pour accueillir des classes, ce qu’on fait avec plaisir.

-Tu as parlé d’ateliers d’écriture, avec quels publics?

Pour le moment, avec des adultes. Mais on a aussi envie de créer du lien avec les familles et les enfants. On est en train de mettre en place des moments de lecture avec des enfants dans un bar à Pantin qui s’appelle « Chez Olympe« . C’est quelque chose de très familial.

A la librairie même, on a organisé des lectures de contes avec des drag queens et des drag kings. On n’a pas encore créé d’autres événements à destination des enfants par manque de temps, mais ça va venir!

-Tu peux nous parler des séances d’arpentage STP?

Oui, par exemple avec le collectif « Féminicités » avec un livre sur les béguinages, ou sur la révolution captive avec un ouvrage des éditions Blast.

-Et quel type de projections organises-tu?

Par exemple à la réouverture de la librairie, on a projeté en avant-première le dernier court métrage de Céline Sciamma « This Is How A Child Becomes A Poet » sur une poétesse italienne lesbienne, Patrizia Cavalli. On le projetait plusieurs fois par jour, ça a été un chouette moment.

-Le rayon Jeunesse, il a été étoffé ici tu disais?

Oui, et on veut aussi créer du lien avec des collectifs, les familles LGBT. De nombreuses maisons comme Talents Hauts, On ne compte pas pour du beurre font des livres très intéressants et moins stéréotypés, plus inclusifs, avec plus de représentativité, et qui abordent des sujets comme le harcèlement, l’acceptation de son corps.

Par exemple Il était une autre fois, de Anne-Fleur Multon qui a aussi écrit Les nuits bleues, un roman lesbien. Elle a revisité des contes comme Cendrillon, la Belle et la Bête et Casse-Noisette en version lesbienne.

-Côté Adultes, la partie littérature, Romans, SF est très développée, on a aussi des essais féministes, sur des questions écologiques, l’anti racisme. On couvre tous les domaines, comme une librairie généraliste, mais avec un prisme féministe et LGBT. On a donc aussi des BD, des mangas, des livres d’art et de cuisine!

-As-tu un projet passé ou à venir qui te tient à coeur et qu’on pourrait mettre en avant?

En avril, on a fait une soirée autour d’un recueil de textes de Monique Wittig, avec des lectures : « Dans l’arène ennemie : textes et entretiens 1966-1999 », c’est publié aux Editions de Minuit.

-Merci Olivia pour cet échange qui donnera envie de découvrir la librairie!

Suivez l’actualité de la librairie avec la newsletter, sur Facebook ou Instagram.

L’agenda des évènements à venir.

Le collectif Cases Rebelles

1) Pourriez-vous présenter le collectif Cases Rebelles ? (Son histoire, ses actions, etc.)

Le collectif Cases Rebelles est né de l’écriture de « Nous sommes », un texte qu’on a écrit à deux très spontanément, à la fin de l’année 2009, sans savoir ce que nous allions en faire. Il s’agissait avant tout d’énoncer nos désirs politiques et nous y formulions ce que nous finirons plus tard par nommer « panafrorévolutionnaires ». Cases Rebelles est donc ensuite devenu un podcast animé par un collectif militant noir anti-autoritaire du même nom, né en 2010, basé en France, composé en majorité de femmes et de personnes queer. On travaille sur les histoires, cultures et luttes des peuples noirs partout dans le monde. On essaie de lutter contre toutes les formes de domination (racisme, sexisme, validisme, classisme, etc.) d’un point de vue afrocentré, avec amour, dans une perspective qu’on appelle PanAfroRévolutionnaire. On analyse, on informe, on fait des recherches et on rejoint des mobilisations.

à propos du collectif : pas de justice, pas de paix

2) Pourriez-vous présenter les éditions Cases Rebelles ? (Notamment la ligne éditoriale que vous avez choisie)

La ligne éditoriale est celle du collectif : nous y traitons des mêmes questions et nous y accueillons les auteur·es noir·es et afrodescendant·es.

3) Quels sont les liens entre le collectif et les éditions ? Est-ce que le collectif permet par exemple de trouver des auteur·ices ? Est-ce que les deux communiquent ou s’agit-il de 2 entités distinctes ?

Il n’y a pas de distinction entre le collectif et la maison d’édition. C’est le collectif qui fait fonctionner la maison d’édition. Et effectivement, les auteur·ices on les rencontre surtout par rapport aux activités et intérêts du collectif. Mais il y a des auteur·es qu’on sollicite spécifiquement pour leur proposer de les éditer, et il y a aussi des personnes qu’on ne connaît pas qui nous sollicitent spontanément.

4) Pourquoi avoir créé les éditions 10 ans après le collectif ? Est-ce que cela vient répondre à un besoin particulier ? Une opportunité ? L’expérience de 10 années de militantisme ?

L’envie est venue assez rapidement dans la mesure où nous travaillions sur des sujets où les sources écrites manquaient, ou bien parfois des livres que nous considérions comme importants n’avaient pas été traduits. Nous constations aussi l’émergence de nouvelles analyses, de nouveaux modes d’écriture. Cela nous a tout de suite donné envie de pouvoir accueillir, accompagner, participer ; ce d’autant plus que nous récoltions énormément d’histoires orales de par les projets et les rencontres du collectif.

Mais les différents travaux et actions déjà mis en place nous prenaient beaucoup d’énergie. Nous avions sorti un premier livre aux éditions Syllepse (100 portraits contre l’Etat Policier) que nous aurions très bien pu sortir nous-mêmes, mais l’urgence nous avaient menées là. Ensuite, après l’occasion qui nous a été donnée de traduire l’Autobiographie d’Assata Shakur en 2018 (sortie chez PMN) et de superviser entièrement tous les aspects de la réalisation d’un livre, on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on se dégage du temps, pour lancer notre propre projet éditorial compte tenu de notre attachement à l’autonomie. Et effectivement on a profité des 10 ans pour lancer la maison d’édition.

5) Comment fonctionnez-vous ? Combien êtes-vous pour faire fonctionner les éditions Cases Rebelles ?

Comme nous le disions précédemment, notre collectif est anti-autoritaire. Nous nous efforçons donc au maximum de suivre cette ligne tant dans le fonctionnement général du collectif que dans celui de la maison d’éditions.

Selon nos centres d’intérêts, les connaissances acquises lors de recherches personnelles ou de nos études et surtout de nos disponibilités, on se répartit les tâches. On intègre les activités de la maison d’édition, les réunions, etc. au fonctionnement du collectif.

6) Avez-vous une idée de la réception de vos ouvrages (par exemple au nombre de tirages, invitations, avis du public, etc) ? Est-ce que vous avez identifié votre public (est-ce que c’est le même que le collectif, est-ce que justement ça vous permet de toucher plus de monde, etc) ?

AfroTrans est actuellement à environ 2000 exemplaires vendus. C’est le premier livre que nous avons publié et c’est assez évident que tout un public a découvert le collectif par ce livre-là, du fait de son sujet. Alors que pour certain·es, nous sommes le collectif qui a écrit 100 portraits contre l’État policier (Syllepse, 2017). Notre deuxième livre, Le feu qui craque, a touché encore d’autres personnes. Et les nombreux livres à venir vont encore toucher d’autres publics on l’espère. Un certain nombre de personnes découvrent Cases Rebelles par un sujet ou un médium, livre ou podcast, et s’intéressent à tout le reste ; mais d’autres nous identifient et nous suivent sur des sujets très spécifiques.

7) Est-ce que publier des livres a changé le collectif ? Dans son fonctionnement par exemple.

Comme nous nous y attendions, la maison d’édition demande beaucoup de travail. On a donc de fait réduit certaines activités. Notre podcast sort avec moins de régularité par exemple. Le fait que nous soyons en auto-diffusion et auto-distribution nous contraint aussi à nous former sur le tas sur les différentes étapes de la conception et vie d’un livre, de la sélection du manuscrit à la diffusion, en passant par les droits de traduction et les relations avec les librairies. Et ensuite on peut partager ce qu’on a appris, recollectiviser nos connaissances. Et puis, nous avons un regard moins passif quant à ce qui nous semble intéressant à diffuser ; on ne fait pas qu’espérer ou se désoler, on peut proposer de publier des textes.

Tour de veille — février 2024

Actualités

La santé mentale : un sujet encore trop peu évoqué dans la société mais dont les bibliothèques universitaires et autres s’emparent peu à peu. Ce sujet a hélas pris une ampleur sans précédent lors de la crise sanitaire qui a renforcé la solitude ou l’exclusion de nombreux usagers des bibliothèques et a renforcé la précarité dont souffraient déjà un certain nombre d’étudiant·es. C’est le sujet qu’aborde la journaliste Lauren Bastide dans son nouveau podcast intitulé « Folie douce » qui aborde les troubles psychologiques dans une nouvelle série d’entretiens.

titre du podcast : folie douce

Bibliothèques

Zoom sur Les L’un.es : Une bibliothèque féministe, queer et inclusive en Ardèche. Portrait d’une bibliothèque itinérante en milieu rural, dans les alentours d’Aubenas en Sud Ardèche. Elle s’est créée autour de l’envie d’une personne, dans un premier temps, de faire circuler les idées politiques et féministes de sa bibliothèque.

Multiculturalisme

#BlackHistoryMonth

Le mois de février est aux États-Unis le Black History Month, soit « le mois de l’histoire noire » en français. Proposé par l’historien africain-américain Carter G. Woodson et institué depuis 1926, cette période vise à remettre au centre de la recherche universitaire et du débat public les études noires étasuniennes.

A l’occasion du Black History Month, ce podcast permet d’aborder les liens entre la construction du concept de race et le développement du capitalisme, d’observer comment, aux États-Unis, artistes et militantes noires ont su réinventer l’anthropologie, de s’interroger sur les cow-boys noirs et sur cette armée noire dans le désert pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sexisme, féminisme et masculinités

  • Qui connaît, ou se souvient de Rose Valland? Conservatrice de musée et résistante française. Clandestinement, et au péril de sa vie, elle a sauvé près de 45 000 œuvres du pillage des nazis, un pan encore méconnu de l’histoire de la seconde guerre mondiale. C’est aussi une pièce de théâtre, au théâtre de la Boussole en ce moment à Paris.
affiche de la pièce de théâtre Rose Valland
  • Découvrez le rapport du HCE de janvier 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France : « s’attaquer aux racines du sexisme ». On lira qu’il y a encore une marge de progression, car «le sexisme commence à la maison, continue à l’école et explose en ligne».
  • « Être un bon homme ». Romain de Becdelièvre enquête sur les masculinités contemporaines. Quels sont les corps, les discours, les inquiétudes et les modèles des hommes aujourd’hui ? Des chercheurs, des artistes et des penseurs esquissent les formes du mâle.

LGBTQI+

La dépénalisation de l’homosexualité, l’autre grand combat de Robert Badinter. Avec l’abolition de la peine de mort, ce fut l’autre grand combat de Robert Badinter : la dépénalisation de l’homosexualité, votée le 27 juillet 1982, et le 4 août 1982, la loi Forni portée par la rapporteure de la commission des lois, Gisèle Halimi.

Nos suggestions

La relecture sensible : censure ou apport constructif ? Voici un éclairage pour vous faire une idée à travers cet article réalisé à la suite d’une journée d’étude en juin 2023.

La lecture en partage #5

Joyeuses Fêtes à toutes et tous !

Les légothécaires partagent avec vous pour la 5e année consécutive leurs lectures, films et expos préférées.

Comme les années précédentes, nous vous invitons à nous adresser vous aussi vos coups de cœur dans la section « commentaires » à la fin du billet de blog. Nous avons hâte de vous lire nous aussi !

Essais

Allons enfants de la Guyane : éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République / Hélène Ferrarini

Couverture du livre Allons enfants de la Guyane. Une photographie de trois enfants natifs, en noir en et blanc.

Une enquête journalistique passionnante sur les « homes » indiens, en fait des pensionnats catholiques pour enfants amérindiens de Guyane. À partir de témoignages d’anciens pensionnaires, de lettres et de journaux de sœurs et de prêtres en charge de ces institutions ainsi que d’archives, l’auteure décrit la politique d’assimilation forcée (langue, culture) et d’acculturation menée par la France, avec le soutien de l’État et de l’épiscopat.

Fabienne

Les otages : contre-histoire d’un butin colonial / Taïna Tervonen

Les objets issus des guerres coloniales que nous admirons dans les musées ont une histoire, souvent violente. La question de leur restitution est de plus en plus prégnante ces dernières années, à l’instar du sabre dont il est question dans ce texte, devenu le symbole d’une mémoire collective spoliée. C’est un éclairage très intéressant qui nous montre que les pays concernés peinent à y répondre, car ils sont encore englués dans un carcan idéologique et juridique.

Couverture de Les Otages. Dessin de mains agrippant des bijoux et une ceinture, semblant se battre pour les récupérer.

Fabienne

Gagner le monde

Couverture de Gagner le monde. Le fond est un aplat uni de brun sur lequel est sobrement écrit le titre et les auteurs.

Cet ouvrage dense et ambitieux propose un tour d’horizon international féministe. Entre hommages pour les activistes et les disparues et manifeste pour ne pas perdre pied, un ouvrage qui redonne un coup de fouet. À lire en cas de fatigue intellectuelle et militante.

Juliette

La mémoire délavée / Nathacha Appanah

L’autrice part en quête de l’histoire de ses aïeuls, retrouvant les traces que l’engagisme et la plantation ont laissé dans le parcours de sa famille. Un livre qui parlera à chacun·e, que ce soit dans nos quêtes d’histoire personnelle, nos aveuglements volontaires et parfois nos besoins impérieux de revenir à l’histoire.

Couverture de La Mémoire délavée. Le fond est un aplat uni de vert pâle sur lequel est sobrement écrit le titre et les auteurs.

Juliette

Politiser les cyberviolences : une lecture intersectionnelle des inégalités de genre sur internet / Ketsia Mutombo, Laure Salmona

Couverture de Politiser les cyberviolences. Un dessin dune personne au visage déstructuré par des entailles dans du papier.

Les autrices et cofondatrices de l’association Féministes contre le cyberharcèlement, Ketsia Mutombo et Laure Salmona, décortiquent les mécanismes d’oppressions utilisés par les classes dominantes pour museler les femmes et les personnes issues des groupes minorés dans l’espace numérique (et ailleurs).

Thomas

Romans

Manikanetish / Naomi Fontaine

Une enseignante de français revient en poste dans la réserve innue du Canada dont elle est originaire. Elle raconte le quotidien souvent difficile de ses élèves, confrontés à la pauvreté, à la violence et leur propose de monter une pièce de théâtre qui leur laisse entrevoir qu’une autre vie est possible, en étant fières de leurs racines, de leur langue et de leur culture.

Couverture de Manikanetish. Le fond est vert pâle, et des feuilles jaunes et de branches de sapin se répètent en un motif répété.

Fabienne

Georgette / Déa Liane

Couverture de Georgette : une photographie d'une femme en maillot de bain vert, le visage masqué par un appareil photo, sur fond de mer.

Ce premier roman se lit comme un album photos qu’on effeuille pour découvrir qui est Georgette, une « invisible », une esclave moderne, mais un être humain avant tout, dont la vie est esquissée à petites touches via la narratrice. Un portrait sensible où se dessine peu à peu à travers le regard des autres qui est Georgette, ce qu’elle pense. Un sujet encore peu évoqué par ailleurs dans la littérature de fiction.

Fabienne

Veilleuse du calvaire / Lyonel Trouillot

En Haïti, dans un paysage sec qui redoute les pluies, les hommes prennent tout : le pouvoir, les armes, la terre et bien sûr les corps des femmes. Et sur cette colline, celle du Calvaire, elles se rebellent, elles reprennent ce qui est à elles et redonnent ce qui a été pris. Ce roman est un long poème, un cri inégal alternant des moments qui campent l’histoire et les personnages et d’autres qui sont faits de colère, de rage ou encore d’espoir. Un texte magnifique d’un auteur déjà réputé pour la poésie de sa plume.

Couverture des Veilleuses du calvaire : dessin d'un groupe de femmes noires, habillées de robes et jupes multicolores, sur fond de nuit de pleine lune.

Juliette

Sous les strates / Lou Eve

Couverture de Sous les strates : dessin de trois femmes, deux asiatiques et une blanche. Elles sont reliées par des arabesques abstraites rouges.

Sous les strates nous livre le récit polyphonique de Linh, Minh et Françoise. Linh est une enfant vietnamienne adoptée par Françoise et Christophe à Sète dans les années 90. Les histoires mêlées de Linh et de ses mères, biologique et adoptive, montrent les conséquences de l’adoption transraciale sur la construction d’enfants non-blancs élevés par des parents blancs. Lou Eve nous raconte les revendications des féministes françaises des années 80 et leurs angles morts, les violences conjugales, la sexualité de Linh, sa construction politique. Un roman qui restera un peu avec vous.

Juliette

Bandes dessinées

Patriarchy / Runberg, Saveg, et alii.

Couverture de Patriarchy : dessin de trois femmes, avec un arrière plan post apocalyptique

Patriarchy est une trilogie de bande dessinée post-apocalyptique se déroulant dans l’Europe de 2077. Une dictature masculiniste, le Protectorat, a vu le jour, mais une enclave de Valkyries résiste à leur domination. Kahina, guerrière lassée de se contenter de miettes, va affronter Sigrid, cheffe du clan des Valkyries, qui prône le status quo. En représailles, Kahina va être forcée à l’exil avec sa sœur et son amie et va devoir affronter le monde extérieur, et le Protectorat…
Projet majoritairement féminin, Patriarchy est une bande dessinée aux traits à mi-chemin entre les comics et les mangas. Si par moment l’histoire est un peu trop dichotomique, l’écriture des personnages est plus mesurée et permet une vue d’ensemble de l’univers. Les thématiques abordées sont plutôt dures, mais jamais de façon crue, ce qui en fait une lecture accessible dès l’adolescence.

Maxence

Song / Hai-Anh et Pauline Guitton

Hai-Anh partage sa vie entre le Vietnam et la France. Elle entretient une relation compliquée avec sa mère, Linh, réalisatrice vietnamienne. Cette histoire, c’est celle de la transmission, souvent compliquée, du souvenir de la guerre. Linh raconte alors le maquis, l’organisation de la résistance, la hiérarchie, la place des femmes, et surtout sa découverte du cinéma par la propagande.

Couverture de Song : dessin de deux femmes asiatiques, enlacées sur un fond de forêt.

Juliette

Différence invisible / Julie Dachez

Couverture de la Différence invisible : dessin en noir et blanc d'un femme en face de la couverture, alors qu'une foule passe en arrière plan. Seule note de couleur, la paire de basket rouge de la jeune femme.

Marguerite a 27 ans et se sent en perpétuel décalage avec son entourage familial, son ami et ses collègues de travail. Elle découvre qu’elle est autiste Asperger, ce qui va modifier sa vie : elle va enfin pouvoir s’accepter comme elle est. Cette BD est adaptée du livre de Julie Dachez, qui témoigne de son expérience et de ses souffrances passées.

Fabienne

Do a powerbomb ! / Daniel Warren Johnson et Mike Spicer

Couverture de Do a powerbomb : dessin d'une catcheuse à la bouche déformée par ce qu'elle se prend un coup de poing dans le visage.

Le dernier bijou de Daniel Warren Johnson est arrivé, et ça déménage. On le retrouve avec Mike Spicer pour une histoire de catch, mais pas que… Si la castagne est l’univers et le support de l’histoire, il s’agit d’une histoire de deuil et de famille, une histoire de deuxième chance.

Juliette

Films

Pinocchio / Guillermo del Toro

Gros plan sur le nez en branche de Pinocchio. Un criquet qui joue du violon est perché dessus.

Réécriture du conte de Carlo Collodi, le Pincocchio de Del Toro est un bijou de stop motion avec un casting incroyable en version originale anglaise.
Antimilitariste, le film subvertit la morale de l’obéissance comme vertu, en proposant comme alternative la désobéissance civile. Ce Pinocchio, vivant sous l’Italie fasciste, va être confronté à la guerre et la dictature, transformant les autres personnages qu’il va croiser sur son chemin.

Maxence

La dernière reine / Damien Ounouri & Adila Bendimerad

La dernière reine est le premier film en costume de l’histoire du cinéma algérien. On découvre l’histoire légendaire de Zaphira. En 1516, après avoir repoussé les Espagnols avec l’aide de Aroudj Barberousse, l’émir Sélim at-Toumi est assassiné. Zaphira, sa femme, décide alors de rester et résister aux manœuvres de Barberousse pour prendre le pouvoir. Décors, costumes, musique et mise en scène sont particulièrement réussis, avec un casting impressionant.

Affiche de la Dernière Reine : photographie d'une femme en tenue traditionnelle algérienne, de profil.

Juliette

Maryam Touzani / Le bleu du caftan

Affiche du Bleu du Caftan : deux hommes discutent et rient au premier plan, sous le regard bienveillant d'une femme un peu en retrait.

Halim et Mina sont mariés depuis longtemps. Dans la médina de Salé, au Maroc, le couple tient un magasin traditionnel de caftan. Halim travaille les tissus, les cordes et les fils. Le couple est soudé et vit une entente tendre et platonique. Lorsque Youssef fait son entrée dans leur monde en devenant l’apprenti d’Halim. Ce dernier, habitué à cacher son homosexualité, vacille doucement au contact de Youssef. La maladie de Mina va alors tout changer. Un film d’une grande tendresse et douceur.

Juliette

Les jeux féministes, engagés et inclusifs de Gender Games

Gender Games est une maison d’édition de jeux féministe, queer et engagée créée par Inès Slim à Paris en 2019. C’est la volonté d’allier féminisme et jeux de société qui a  poussé Inès, la créatrice de Gender Games, à concevoir le premier jeu de la marque : Bad Bitches Only.

En 2022 Inès s’associe à Adrien et Eva afin de travailler ensemble sur le développement de la maison d’édition et lui permettre de prendre un congé sabbatique bien mérité. Adrien et Eva rapatrient donc l’entreprise chez eux, à Lons-le-Saunier dans le Jura.

A travers nos jeux, nous souhaitons visibiliser des sujets et des personnes qui sont peu, pas ou mal représentés dans nos cultures francophones. C’est la raison pour laquelle nous mettons en avant les femmes et les personnes de minorités de genre dans les Bad Bitches Only, et que nous parlons de sexualité et de relations intimes dans Discultons et Constellations. Jouer à un jeu Gender Games, c’est forcément revoir certaines de ses idées préconçues et partager ses passions, choisir de se dévoiler un petit peu ou beaucoup plus. 

Nos jeux se situent à la frontière entre le livre et le jeu de société classique en ayant comme objectif clair d’apporter de la connaissance et du lien via un outil ludique. 

Les trois objectifs de la Légothèque sont directement travaillés au sein de nos jeux : 

  1. l’interculturalité et le multiculturalisme

Dans Bad Bitches Only, un jeu se basant sur un principe de jeu du chapeau ou de Time’s Up, le travail d’autrice d’Inès Slim s’est vraiment focalisé sur l’inclusivité culturelle de la sélection des Bad Bitches du jeu. Elle a souhaité représenter des continents, des époques et des cultures différentes afin de désoccidentaliser notre regard et notre culture. Chaque sélection et goodies tirés de ces jeux s’attachent également à ne pas représenter uniquement des icônes blanches. En tout, ce sont : 

Toustes les femmes et les personnes de minorités de genre que nous n’avons pas pu représenter dans ces éditions seront progressivement mis·e·s en lumière via des éditions spéciales, dont une en préparation pour le printemps 2024. 

  1. les questions de genre

Dans Bad Bitches Only nous y représentons les femmes et les personnes de minorité, ensemble dans une alliance contre le patriarcat et ses oppressions. C’est la raisons pour laquelle vous trouverez dans ces jeux des hommes trans, des personnes non-binaires, etc. Nous avons même l’édition spéciale #Queer Icons où ce ne sont que des personnes de la communauté LGBTQIAP+, toujours femmes ou personnes de minorités de genre. L’idée ici est de visibiliser l’existence des personnes queer autour de nous, que cela soit dans notre passé, ou dans la culture contemporaine. 

Ce sont aussi des opportunités de réclamer et de se réapproprier des espaces ou des milieux éminemment patriarcaux comme le secteur de la musique et du divertissement, ou bien la culture geek. 

Dans nos jeux de discussion sur la sexualité et les relations intimes que sont Discultons https://www.playgendergames.com/collections/tous-nos-produits/products/discultons et Constellations https://www.playgendergames.com/collections/tous-nos-produits/products/constellations-version-fr, l’inclusivité de toustes est primordiale pour nous. Nous réfléchissons à la manière de poser les questions, à l’usage de l’écriture inclusive ou à la mention directe du sujet de l’identité de genre. Nous avons également fait relire et tester nos jeux par des personnes trans. 

  1. l’orientation sexuelle et sentimentale

Discultons et Constellations sont deux outils que nous avons pensé comme inclusifs de la diversité des sexualités. Dans les deux cas, les jeux peuvent être utilisés avec saon ou ses partenaires, mais peuvent également être des moments de rencontre et d’intimité entre ami·e·s pour parler de soi, mieux se connaître et mieux connaître les autres grâce à des discussions profondes. Ces outils peuvent également être utilisés comme brise-glace lors d’un rendez-vous ou comme outil d’animation dans un stage thématique. L’un et l’autre peuvent se jouer séparément ou ensemble pour avoir une soirée plutôt discussion Q, plutôt intimité émotionnelle, ou les deux à la fois. 

Nous sommes fier·e·s de nous inscrire dans un mouvement de maisons d’édition indépendantes, féministes, queer, qui travaillent chaque jour pour plus d’inclusivité et de visibilité des personnes minorisées dans nos cultures. 

Au plaisir d’échanger avec vous, 

Eva de Genger Games

Tour de veille Octobre 2023

Bibliothèques

  • L’IFLA a finalement annoncé que l’invitation de Dubaï a été retirée et que le Congrès mondial des bibliothèques #WLIC2024 n’aura pas lieu. De nombreuses associations avaient protesté contre les limitations à la liberté d’expression imposées par les lois des Émirats pendant le Congrès.
  • « C’est quoi l’amour, maîtresse ? », sur Binge Audio : comment traiter de l’éducation à la sexualité à l’école. Cette série audio particulièrement sensible et documentée nous interroge sur une société qui offrirait à ses enfants des cours d’éducation relationnelle, affective et sexuelle dignes de ce nom. C’est particulièrement intéressant car un prolongement naturel se trouve à la bibliothèque : entre collections et action culturelle, quelle place offrir à ces sujets? C’est un travail plus que précieux sur un sujet sensible : l’éducation à la sexualité en milieu scolaire qui soulève des questions pourtant essentielles (consentement, violence, sexisme…) qui ont des répercussions sur la construction de l’individu et donc tout au long de sa vie. Et pourtant, depuis la loi Aubry du 4 juillet 2001, l’éducation à la sexualité en milieu scolaire est une obligation. Trois séances doivent être dispensées chaque année aux élèves, du CP à la terminale. Suivie de plusieurs circulaires, cette loi reste pourtant largement inappliquée, selon le rapport de l’inspection générale de l’éducation intitulé « Education à la sexualité en milieu scolaire » de juillet 2021.

Multiculturalisme

68e congrès | Dunkerque | 8-10 juin 2023
Collections – Les bibliothécaires sortent de leurs réserves

Voici un retour côté Légothèque en lien avec les évènements auxquels nous avons participé ou que nous avons coorganisés : bibliothèque vivante, table ronde, exposition sur le genre mise à jour et affichée pendant le Congrès, temps d’échange avec la commission, remise des prix Chouettes Toilettes. Ce sont les principaux temps forts sur lesquels les bibliothécaires de la commission étaient présent·es ou ont été associé·es.

Féminisme

Présentée pendant le congrès ABF à Dunkerque en juin 2023, cette exposition a été montée parce que nous pensons qu’une information sur le genre, dédramatisée, re-contextualisée est importante pour que le débat public sur ce thème puisse avoir lieu. Pour cela, la bibliothèque, lieu de médiation par excellence, doit pouvoir donner des clés de compréhension. Nous vous enverrons les fichiers PDF sur simple demande à notre adresse mail : legotheque@gmail.com

Affiche de l'exposition Genre! Le titre est écrit en grand au centre de l'affiche, une dizaine de mots clefs à l'intérieur (identité, sexe, asexualité, TERF, etc.). Des personnages en aplats de couleurs sont disposés autour.

LGBTQI+

  • Les 19 et 20 octobre 2023, le Conservatoire de Paris a organisé, en salle d’orgue, un colloque international dédié aux musicologies queer. Il portait sur les « musicologies gaies, lesbiennes et queers : voile pudique sur la musique classique ? »
  • Nous sommes ravi·es que la librairie Violette and Co ait pu rouvrir ce 13 octobre. Les collections sont axées sur une société plus féministe qui visibilise et rend accessibles les écrits féministes et lesbiens ainsi que les ouvrages portant sur les luttes sociales, féministes, LGBTQIA+, antiracistes, antivalidistes et écologiques.

Nos recommandations

  • Allons enfants de la Guyane : éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République Hélène Ferrarini , édité par Anacharsis
  • Il s’agit d’un véritable travail d’enquête sur les « homes indiens », des pensionnats catholiques pour enfants amérindiens de Guyane. A partir de témoignages d’anciens pensionnaires, de lettres et de journaux de soeurs et de prêtres en charge de ces institutions ainsi que d’archives, l’auteure décrit la politique d’assimilation forcée menée par l’Etat français et le clergé catholique et démontre ainsi les persistances coloniales dans ce jeune département d’outre-mer.